Comment la mise à jour d’Ecoinvent change la donne pour l’industrie

Il y a encore peu de temps, le Zamak traînait une réputation encombrante : matériau jugé lourd, peu circulaire, à l’empreinte carbone élevée. Une perception largement nourrie par… de mauvaises données.

La mise à jour 3.12 de la base Ecoinvent, référence mondiale des analyses de cycle de vie, vient de rebattre les cartes. Le Zamak recyclé y voit son impact carbone divisé par 3,5, pour s’établir à moins de 671 kg CO₂ par tonne, sur la base d’un lingot contenant 10% de zinc primaire seulement.

Autrement dit : ce que nous avons présenté dans notre carrousel LinkedIn “Zamak : la révélation recyclabilité” n’est plus une intuition de filière, mais c’est désormais un fait documenté.

1. Pourquoi cette mise à jour est une étape majeure

Ecoinvent est l’une des bases de données ACV les plus utilisées par les outils d’écoconception et les bureaux d’études. Pendant des années, faute de données terrain spécifiques, le Zamak y était associé à une valeur d’environ 2.400 kg CO₂/tonne, reprise initialement par l’ADEME.

Cette surestimation a eu deux effets :

  • Elle a écarté le Zamak des arbitrages matériaux dans de nombreux projets de packaging et de pièces techniques ;
  • Elle a entretenu l’idée qu’un alliage dense est forcément un « mauvais élève carbone ».

Les nouvelles données Ecoinvent, construites à partir de retours de recycleurs et producteurs d’alliages (merci à Genlis Métal et REAZN pour leur contribution à l’ACV Matière) et d’un travail de fond mené notamment par Segede et l’International Zinc Association, corrigent cette vision :

  • Moins de 671 kg CO₂/tonne pour du Zamak recyclé avec 10% de zinc primaire ajouté, contre environ 2.400 kg auparavant.

  • Dans notre carrousel, nous illustrons également le contraste avec un Zamak 100% primaire, à 3.610 kg CO₂/tonne (donnée 2012 – base Empreinte de l’ADEME).

La conclusion est simple : le sujet n’est pas le matériau en lui-même, mais l’origine de la matière.

2. Réhabiliter le Zamak comme matériau circulaire

Le Zamak est un alliage à base de zinc, complété d’aluminium, de magnésium et de cuivre. Il se caractérise par :

  • Une température de fusion plus basse que l’aluminium,

  • Une excellente aptitude à la refonte,
  • Et une recyclabilité théorique infinie, sans perte de propriétés mécaniques ou esthétiques.

Ces atouts, bien connus des fondeurs, n’étaient pas pleinement reconnus dans les référentiels réglementaires. C’est en train de changer :

  • Le Comité européen de normalisation (CEN) confirme désormais la recyclabilité du Zamak dans le cadre du règlement européen sur les emballages et déchets d’emballages (PPWR), avec une publication officielle attendue d’ici 2028 ;

  • En France, les travaux menés avec CITEO ont permis d’inscrire le Zamak dans les guides de recyclabilité pour le packaging, en cartographiant précisément les acteurs capables de le récupérer, trier et refondre.

Dans notre carrousel, le premier message était clair : « Réhabiliter le Zamak » comme matériau recyclable, à faible impact carbone. La mise à jour Ecoinvent apporte le socle chiffré qui manquait.

3. Au cœur du débat : l’origine de la matière

On a longtemps jugé les matériaux avant tout sur leur poids. Un emballage plus léger était considéré comme « meilleur » par principe.

Or, du point de vue climatique, ce qui pèse le plus lourd dans une ACV, c’est l’extraction de matière primaire. Et sur ce terrain, le Zamak part avec un avantage décisif : il est historiquement produit majoritairement à partir de zinc recyclé. Ecoinvent estime que la valeur de 10% de zinc primaire retenue pour le calcul est même prudente, un minimum de 7% suffisant déjà à garantir la faisabilité technique des lingots.

Certaines fonderies, comme Segede, travaillent déjà avec des lingots 100% recyclés, sans perte de qualité.

4. Recyclé, mais toujours premium

Un autre frein à la reconnaissance du Zamak venait de la crainte d’une dégradation de performance après recyclage. Là encore, les faits tranchent :

  • Le Zamak conserve sa densité, sa précision d’injection et son rendu de surface même après plusieurs cycles de refonte ;

  • L’alliage reste particulièrement adapté aux pièces premium (capots de parfum, boîtiers de maquillage, accessoires de soin, éléments de maroquinerie, etc.), où la sensation en main et la liberté de design sont essentielles.

Pour réduire l’empreinte carbone, il faut un matériau qui garde toutes ses qualités techniques, même recyclé. C’est précisément ce qui distingue le Zamak d’autres matériaux pour lesquels le recyclage 100% n’est pas toujours compatible avec les niveaux d’exigence du luxe.

5. Les nouveaux repères chiffrés à retenir

Pour vos prochaines analyses de cycle de vie et projets d’écoconception, quelques chiffres clés à garder en tête :

  • Zamak primaire (alliage de zinc)
    ≈ 3.610 kg CO₂/tonne (donnée 2012 – base Empreinte ADEME)

  • Zamak recyclé (10% de zinc primaire – moyenne marché)
    < 671 kg CO₂/tonne – données Ecoinvent v3.12 (2025)

L’empreinte carbone est donc drastiquement réduite dès que l’on bascule sur un approvisionnement recyclé – ce qui correspond aujourd’hui à la réalité de la plupart des productions européennes.

6. Ce que cela change pour les marques et les concepteurs

Pour les équipes développement, RSE et achats, cette mise à jour ouvre plusieurs perspectives très concrètes :

  • Des ACV plus justes
    Les études d’impact peuvent désormais intégrer des données Zamak réalistes, comparables aux autres matériaux de référence dans les outils d’écoconception (dont ceux alignés sur Ecoinvent et SPICE).

  • De nouveaux scénarios d’écoconception
    Là où le Zamak était parfois écarté d’office, il redevient une option légitime pour des pièces complexes, durables, démontables et facilement refondues.
  • Une conformité renforcée au PPWR
    Le règlement sur les emballages (PPWR) impose de démontrer à la fois l’impact carbone et la recyclabilité effective des matériaux. Avec la confirmation du CEN et la cartographie des filières européennes de recyclage, le Zamak coche désormais ces deux cases.
  • Une meilleure narration matière
    Les marques peuvent parler de Zamak non seulement comme d’un matériau « noble » et durable dans le temps, mais aussi comme d’un alliage circulaire, traçable, aligné avec les attentes des consommateurs en matière de transparence.

7. Le rôle d’Expérience Zamak dans cette nouvelle phase

Chez Expérience Zamak, notre mission est de rendre le matériau lisible, désirable et pertinent pour l’ensemble de la chaîne de valeur, en partageant des données robustes et des retours d’expérience concrets.

La mise à jour d’Ecoinvent et la reconnaissance de la recyclabilité par le CEN ne sont pas un aboutissement, mais un point d’appui :

  • Pour continuer à documenter les flux de Zamak post-consommation,

  • Pour accompagner les marques dans leurs arbitrages matériaux,
  • Et pour alimenter une culture commune autour de la conception responsable.

Le matériau le plus propre est celui qui reste circulaire. Le Zamak coche désormais officiellement cette case. À nous, collectivement, de faire vivre cette nouvelle donne dans les cahiers des charges, les briefs de design et les outils d’écoconception.

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